Pourquoi les régimes ne fonctionnent-ils pas ?

Il y a des mots qui résonnent très mal et le mot « régime » en est sans doute un aux yeux de beaucoup de personnes, qui ont essayé de perdre du poids par ce mode de prescription alimentaire. Beaucoup de ces personnes ont réussi à perdre du poids, un peu ou beaucoup voire énormément à l’aide d’un régime, mais très nombreuses sont elles aussi, qui ont repris le poids de départ ou encore plus de poids après la fin de leur régime. Mais qu’est-ce qu’un régime et pourquoi ils fonctionnent si difficilement ?

Faire un régime est le fait de suivre une prescription alimentaire ayant pour objet de restreindre la quantité des aliments ou de certains nutriments à consommer. Une majorité de personnes qui suit un régime au cours de leur vie, le font afin de perdre du poids. Mais il existe aussi des régimes alimentaires thérapeutiques, ces derniers ayant pour objectif de lutter ou de réduire les causes d’une pathologie. Même si le surpoids ou l’obésité sont des pathologies, nous considérerons dans cet article, le sens du mot régime pour perdre du poids sans y mettre la connotation de lutte contre une pathologie.

Pour répondre à la seconde partie de la question, il est alors nécessaire de remonter un peu le temps et comprendre les habitudes alimentaires depuis que l’Homme est sur terre.

Pendant la préhistoire, nos ancêtres étaient des chasseurs / cueilleurs. Pour se nourrir, ils étaient contraints de trouver leur nourriture dans leur environnement. Leur alimentation était alors et surtout composée de viande, de poissons, de légumes et de fruits sauvages, mais aussi de miel et de quelques céréales qu’ils pouvaient trouver. Ils ne consommaient bien entendu pas de produits transformés, ni de lait. Leur alimentation était alors très riche en protéines mais aussi en vitamines et en minéraux, et en fibres.

A la période du néolithique, l’agriculture et l’élevage voient le jour. Les populations sont alors moins nomades, elles s’installent et deviennent des agriculteurs / éleveurs. L’alimentation se transforme alors par ces nouveaux modes de production mais aussi par l’utilisation du feu pour cuire les aliments. Les populations consomment alors plus de céréales, des animaux d’élevages et consomment le lait des vaches qu’ils élèvent.

Au XXème siècle et l’arrivée du monde moderne, fait place à l’industrie agroalimentaire. Notre alimentation prend encore un nouveau virage. Les produits transformés envahissent nos placards et nos modes de consommations changent radicalement. Nos aliments se transforment aussi, leur teneur nutritionnelle est déséquilibrée et de plus en plus pauvre en vitamines et en minéraux. La part de consommation de glucides et de lipides augmente considérablement.

Depuis l’apparition de l’Homme il y a plus de 5 millions d’années, nos modes d’alimentation ont évolué. Nos lointaines habitudes alimentaires ont laissé place à une alimentation déséquilibrée, une agriculture intensive, pauvre en nutriments essentiels et contenant de nouvelles molécules toxiques comme les pesticides ou les métaux lourds.

De plus, nos ancêtres mangeaient pour vivre, la recherche de nourriture demandée de nombreux efforts de chasse et de cueillette, la conservation des aliments était difficile, ils consommaient juste alors de quoi se nourrir. De nos jours, nous vivons pour manger. La nourriture est abondante, très facile d’accès et fait partie de nos traditions. Dès notre plus jeune âge, on nous apprend cela et ce phénomène commence déjà dans le ventre de notre mère.

Au cours de l’embryogénèse et après notre naissance, nos goûts et nos préférences alimentaires se sont intégrés au niveau génétique et cela depuis des générations et des générations. Notre code génétique serait alors programmé, nous dictant le mode alimentaire que nous suivrons toute notre vie. Manger est alors considéré comme être en bonne santé, c’est assouvir un besoin vital. Notre corps se souvient bien de cela, il est donc programmé pour faire des réserves, ces réserves lui donnant une possibilité accrue de survie. Une étude a été faite sur un groupe de personnes hospitalisées souffrant d’une déficience cardiaque. Cette étude a démontré que les personnes en surpoids et non obèse, augmentaient leur chance de survie comparé aux personnes d’un poids normal. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les personnes en surpoids ont alors une résistance plus importante à une déficience cardiaque. Le corps sachant qu’il est malade sera en mesure de préserver sa survie plus facilement s’il contient des réserves énergétiques importantes. Lorsque nous restons trop longtemps assis et immobiles, le cerveau pense que nous sommes malades, car rester dans une position assise trop longtemps n’est pas un comportement normal pour le cerveau, nous sommes avant tout des êtres actifs. C’est à peine au bout deux heures dans cette position, que le cerveau va alors ordonner à notre corps de faire des réserves. La fonte musculaire démarre, les protéines de nos muscles vont être transformées et directement stockées dans notre tissu adipeux. Les nutriments présents dans le sang vont subir le même sort, ils seront aux aussi transformés en graisse et stockés dans notre tissu adipeux. Le cerveau ordonne des réserves, cela pour préserver sa survie. Il en est de même lorsque nous suivons un régime. Faire subir à notre corps une restriction calorique, fait penser à notre cerveau que nous sommes malade. Dans un premier temps, cette restriction favorise une perte de poids, car effectivement les dépenses énergétiques sont plus importantes que les apports et le corps ne peut pas stocker. Pour compenser des apports insuffisants, le corps va piocher dans les réserves et notamment les graisses mais pas seulement, il va aussi utiliser les protéines musculaires comme source énergétique, ce qui n’est pas bien du tout. Mais les régimes ne durent pas et ne doivent pas durer éternellement sous peine d’être très dangereux pour la santé, les risques de carence sont très importants. Lorsque nous reprenons une alimentation dite normale, même sans exagération, le corps se souvient du temps de cette restriction calorique pendant la période de régime. Comme je vous le disais, cela préoccupe le cerveau dans son instinct de survie. Il va alors dès que cela lui sera possible ordonner de nouvelles réserves et cela de façon très rapide. Ce phénomène est bien connu sous le nom d’effet Yoyo.

De nombreux facteurs peuvent influencer la dérive de notre poids génétique, celui programmé par notre ADN, comme par exemple, le stress, des problèmes neurologiques, le sédentarisme, l’alcool et bien d’autres encore. Notons aussi que certaines personnes sont insensibles à l’hormone qui régule la faim. Cette hormone est la leptine. Des chercheurs ont remarqué que dans le cas de certaines personnes obèses, une insensibilité à la leptine a été trouvée et leur cerveau ne régulait donc plus leur appétit.

Attachons-nous au facteur environnemental qui nous intéresse le plus ici, celui de l’alimentation. Manger trop et trop gras régulièrement est un facteur qui va entraîner une sortie de notre poids génétique. Retenez lors deux choses. La première chose est que notre cerveau mettra tout en œuvre pour rester dans le choix qu’il veut, ou plutôt pour rester dans le choix que lui impose notre génétique. La seconde chose est que nos cellules ont une capacité exceptionnelle d’adaptation.

Généralement, quand nous prenons du poids en excès, cela se fait progressivement. Cette progression lente laissera le temps nécessaire à notre organisme pour modifier l’état de nos cellules, qui vont s’adapter à notre alimentation. Cette adaptation de nos cellules va alors modifier les choix de notre cerveau. Il réadaptera alors notre fourchette de poids.

Comprenons alors maintenant pourquoi les régimes ne fonctionnent pas. Tout simplement parce que même si nos cellules ont le pouvoir extraordinaire de s’adapter, elles ne peuvent le faire que jusqu’à un certain point, sous peine d’altérer les fonctions des tissus et de provoquer des pathologies, dont l’obésité. L’inverse est donc aussi vrai.

Lorsque nous entamons un régime, le but est souvent de perdre du poids rapidement. Comme le nombre des régimes est très nombreux, résumons la démarche qu’ils ont en commun, qui est celle de priver son organisme de quelque chose. Cette privation aura des conséquences souvent néfastes ; une fois de plus, nos cellules vont s’adapter, mais de manière trop vite et trop brutale. Que se passe-t-il ici ? Effectivement, la plupart du temps, les personnes perdent du poids, même si cela n’est pas toujours le cas. Cela sera très certainement difficile puisque, rappelez-vous, notre cerveau luttera pour que cela n’arrive pas. Mais maintenir ce régime à long terme restera impossible comme nous l’avons dit précédemment. Face au cerveau, nous ne gagnons que très rarement. Nous allons donc reprendre très rapidement notre poids d’avant notre régime (effet yoyo). Pire encore, cette privation de quelques semaines ou de quelques mois va stresser notre organisme. Une fois le régime arrêté, le cerveau risque de vouloir stocker encore plus de graisse, afin d’avoir des stocks plus importants si un nouveau régime venait à lui être imposé.

Notre cerveau communique avec nos cellules graisseuses. L’impression de satiété à la fin d’un repas est le résultat d’un signal envoyé par nos tissus adipeux pour annoncer que les réserves sont suffisantes. Ce signal comme nous l’avons vu plus haut, est la Leptine. Cette hormone est stockée dans les cellules graisseuses et est libérée quand les réserves sont pleines. Quand le cerveau reçoit ce signal, il coupe la sensation de faim. Ce sont donc bien nos graisses qui informent le cerveau, elles ont donc bel et bien un réel intérêt.

Nos graisses ne sont donc pas des substances nocives qu’il faut éliminer à coup de régime puisque ne pas avoir de graisses serait extrêmement dangereux pour notre organisme. Il faut donc considérer la graisse comme un véritable organe, qui doit représenter entre 15 et 30% de la masse totale du corps.

Les cellules graisseuses absorbent les sucres et les lipides qui circulent dans notre sang pour en faire des réserves et les rendre disponible au besoin à notre organisme. Quand les cellules graisseuses ont stocké suffisamment de sucre et de graisse, elles libèrent alors la Leptine et le cerveau coupe la faim.

Quand vous mangez plus, les cellules se gonflent. Si vous mangez moins, elles se vident. L’absence de graisse induit donc l’absence de Leptine et donc l’absence de satiété.

Il est important pour l’organisme de connaitre son état nutritionnel, c’est-à-dire l’état de ses réserves, et c’est le taux de Leptine produite qui l’informe.

Notons que les tissus adipeux se trouvent partout dans notre corps. C’est grâce à cette capacité de stoker les graisses que nous sommes ce que nous sommes et qui nous différencie des animaux. C’est donc le prix à payer pour alimenter nos gros cerveaux puissants mais aussi très énergivore.

Nos cellules graisseuses nous sont donc indispensables mais il ne faut pas trop les alimenter sinon elles deviennent nuisibles. Un mode de vie trop riche en sucre et en graisse, un manque d’activité physique modifie leur fonctionnement. Une alimentation trop généreuse permet aux cellules graisseuses de se multiplier, augmentant ainsi notre corpulence. Notons que les cellules graisseuses ne meurent jamais, elle se vident et prennent donc moins de volume mais ne disparaissent pas. A la première occasion, elles refont le plein ! Ce fonctionnement explique sans aucun doute la médiocre réussite des régimes alimentaires et l’effet Yoyo qu’il s’est suit très souvent.

Vous l’aurez compris, les cellules graisseuses doivent donc être contenues en quantité raisonnable.

Notons que l’on peut très bien être mince de l’extérieur, c’est-à-dire physiquement mince, tout en étant gras de l’intérieur. Ces personnes dont on dit qu’elles ont le gène de la minceur, peuvent manger de tout et n’importe quoi mais gardent un physique de rêve. Rassurez-vous, elles n’ont que le physique qui reste idéal, car ces personnes vont souvent faire du gras au niveau des organes internes et notamment autour des organes principaux, comme le cœur, le foie, l’intestin ou les reins. Ces graisses et plus particulièrement à ces endroit-là, sont aussi très dommageables pour la santé. Tout cela pour vous faire comprendre un point essentiel : manger de manière mal équilibrée n’épargne personne, même si cela ne se voit pas de l’extérieur.

Comme je vous le disais, les facteurs environnementaux sont nombreux et les causes d’une prise de poids ou d’une difficulté à perdre du poids sont tout aussi nombreuses.  

L’idée pour perdre de la masse grasse va alors consister à se maintenir en bonne santé, à réapprendre à se nourrir, et cela doit se faire progressivement. Pour cela, il est généralement nécessaire de prêter attention à notre organisme.

70 % des calories que nous consommons sont brûlées par notre métabolisme de base. Notre métabolisme de base sont les fonctions de notre organisme qui nous permettent de rester en vie, c’est-à-dire, le travail du cœur, des poumons, des reins, du foie, de l’intestin mais aussi du cerveau et d’autres encore. Ces fonctions représentent la plus grande proportion de nos dépenses énergétiques quotidienne. Il est donc important d’avoir un mécanisme qui tourne de façon optimale. Le métabolisme est ici une notion fondamentale pour aller puiser plus rapidement dans les graisses.

Il existe différents freins à la perte de poids. Un des freins principaux peut être le cortisol, cette hormone fabriquée par les glandes surrénales et qui joue un rôle essentiel dans l’équilibre du glucose sanguin et la libération de sucre à partir des réserves de l’organisme, en réponse à une demande accentuée en énergie. Nous avons besoin de cortisol, mais ni trop, ni trop peu. Le cortisol produit en trop grande quantité sera responsable d’une augmentation de la concentration de glucose dans le sang et d’une augmentation de la masse grasse au niveau de la région abdominale.

Les autres freins à la perte de poids sont entre autres, une mauvaise qualité du sommeil, une mauvaise qualité du microbiote, un mauvais équilibre acido-basique qui met l’organisme dans un état de défense, et ce dernier aura donc plus de mal à brûler les graisses, mais aussi un mauvais équilibre du système nerveux autonome (n’oubliez pas que 90 % de nos fonctions sont automatiques) et un mauvais équilibre des neurotransmetteurs (la dopamine qui permet de brûler les graisses, la GABA et la sérotonine pour avoir un meilleur sommeil).

Il n’existe donc pas de solution miracle pour perdre du poids, mais simplement une vision globale qui seule, peut fonctionner sur le long terme, qui seule, respectera l’équilibre de nos cellules et le bien-être de notre corps.

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